Shekel fort : les raisons de s'en réjouir !

Ils sont très nombreux, les économistes, experts et autres hommes d'affaires à se plaindre de la force actuelle de la devise israélienne... et à présenter le phénomène comme une calamité ne pouvant profiter à personne ! Certains viendraient-ils de découvrir les inconvénients d'une monnaie forte ? Ou pour des raisons mystérieuses (les fameux effets de la pensée unique), préfèrent-ils oublier les avantages reconnus d'une telle situation ?
Alors mettons les pieds dans le plat. Les grands perdants de la santé du shekel sont certes à l'évidence les exportateurs, surtout de haute technologie. Et on le sait, qui touche à la high tech israélienne semble toucher à l'âme du pays tout entier, tant le poids médiatique de cette seule activité est écrasant. Tant l'ensemble des sphères économico-politico-sécuritaires sont imbriquées pour défendre ce secteur. Au point de nous faire croire que hors du high tech, point de salut pour Israël ! Alors les experts de toutes tendances se lèvent comme un seul homme pour condamner ce Shekel qui rogne les marges de la technologie locale. Mais il est temps de dire quelques vérités, même si elles vont à contre courrant. D'abord le high tech n'est qu'une partie des exportations nationales, et celles-ci sont depuis toujours très inférieures (hélas) aux importations ... Ce qui se résume à dire qu'une monnaie forte pénalise certes les premières (la seule chose soulignée par tous ces pseudo spécialistes), MAIS que les secondes, plus nombreuses, sont inversement traitées, et profitent en plein des termes du change actuel !
De plus, à l'heure de la mondialisation, quel exportateur peut prétendre n'avoir que des coûts en Shekel ? N'a t'il délocalisé aucune de ses activités ? N'achète t'il à aucun fournisseur étranger ? Certains prennent l'exemple de Kibboutz, exclusivement tournés vers l'export et n'employant que des israéliens... Mais que représente t'il à l'aune des échanges commerciaux globaux du pays ? Soyons sérieux.
J'aimerais également souligner que des études ont montré la faible élasticité des prix dans ce secteur. Autrement dit, le client chinois (ou autre), ne peut se passer aisément de la technologie israélienne, souvent issue d'une stratégie de niche, sur laquelle elle est donc seule à lui proposer une solution optimale. Alors le prix...
Même l'argument macroéconomique de l'augmentation du déficit de la balance commerciale ne tient pas. Premièrement aucun creusement significatif n'a été observé depuis le début de l'année. Mais surtout, comment oublier qu'en terme réel, un déficit de 1 milliard de dollar en 07 représentait un manque à gagner de 4,5 milliards de NIS, alors que ce même milliard ne somme plus que 3,3 milliards de NIS au taux de change plus avantageux d'aujourd'hui !
Autre effet vertueux : l'accélération du remboursement de la dette, libellée en Dollar auprès des créanciers internationaux. Le net raffermissement du Shekel a donc ouvert une fenêtre sur un désendettement à moindre coût, qui va permettre à l'état de s'alléger de ce fardeau, et d'atteindre ainsi les standards comptables nécessaires à l'intégration d'Israël dans les grands organismes internationaux (OCDE par exemple).
Enfin, le Shekel fort se traduit par un niveau général de son taux d’intérêt proche de celui observe en zone euros comme en zone dollars (avec un différentiel des plus faible de l'histoire). Ce qui rend par conséquent l’environnement israélien plus propice aux investissements, et donc à la croissance. Avec là encore, une intégration facilité de notre devise aux circuits financiers mondiaux (la Banque CLS et 80 pays la cotent en continu) ! Soit l'obtention de conditions d'emprunt encore améliorées.
Donc les importateurs sont gagnants (même si le consommateur ne le retrouve pas à la caisse...), les comptes de l'état sont gagnants, les touristes sont gagnants, les investisseurs sont gagnants, le remboursement de la dette est gagnant, la fuite des cerveaux israéliens freinée grâce à des salaires devenus équivalents, etc.
Bref, il faut sortir de la pensée manichéenne. Un shekel fort, cela a aussi beaucoup de bons cotés.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

interessant et original ,mais peu etre un peu trop optimiste ,mais kol hacavod kan mm

Anonyme a dit…

Devise forte, devise faiblesse... chaque situation a ses avantages et inconvenients. Malheureusement seuls les seconds sont soulignés dans la presse en général. Ce blog essaiera toujours de présenter un regard different sur les débats.